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CHRONIQUES DE PASSATION D’UNE PETITE ENTREPRISE

Si vous le permettez, je vous partage ici l’histoire du transfert de la Savonnerie dont la production sera bientôt assurée par l’équipe d’Anne Bastide de J’habite chez mon chat, à St-Raymond. 

Chroniques de la première semaine

No1 Est-ce possible de vivre les transitions autrement? 

Tout nait. Tout meurt. Tout se transforme. Il n’y a rien de plus permanent que le changement. Or, nous sommes attachés à ce qui nous entoure, et souvent encore plus à ceux qui nous entourent. Les voir nous quitter est un marqueur douloureux de ce qui ne sera plus.  

Il nous reste deux semaines de production à Bolton-Est. Depuis quelques semaines, nous voyons partir plusieurs collègues précieuses. Des belles personnes qui ont grandi avec nous, certaines depuis longtemps. L’annonce de la fermeture a été accueillie avec sagesse et résilience par les collègues, dans une perspective que la vie les appelait ailleurs. Je suis d’avis qu’ils ont le pouvoir de partager le leg de la Savonnerie en amenant nos pratiques différentes dans les entreprises avec lesquelles ils collaboreront, et ainsi, ils arriveront à changer le monde, un geste à la fois!  

Quand on n'a pas le choix du QUOI, il nous reste l’option du COMMENT. C’est très puissant parce que ça peut tout changer. Une situation à la base triste peut devenir un émerveillement. Un souvenir inoubliable. Est-ce qu’on peut se dire aurevoir dans l’amour inconditionnel et la bonne humeur? Est-ce qu’on peut prendre le temps de célébrer, de se dire ce qu’on a aimé, avec quoi on repart dans notre baluchon? Je pense qu’il le faut, si chacun veut pouvoir bien clore ce chapitre et en entamer un autre.  

No2 Persévérance ou… acharnement? 

La persévérance est tellement valorisée en général, et dans l’entrepreneuriat en particulier. Vaincre les défis, les outrepasser, et les transformer en opportunité de grandir... Lorsque la route n’est QUE parsemée d’embûches, que l’on persévère malgré toute circonstance et au prix de notre santé, qu’en est-il? Quand la persévérance devient-elle acharnement? 

Entre la flambée des prix des matières premières et leur rareté, la nécessité d’augmenter les salaires pour conserver nos travailleurs et la baisse de fréquentation de la clientèle qui doit faire des choix pour boucler son budget, beaucoup de PME n’ont plus d’oxygène pour avancer. J’aimerais qu’on porte un regard bienveillant sur ces entreprises et leur écosystème qui se démènent pour survivre. Et lorsqu’elles ont le courage de décider d’arrêter, de cesser l’acharnement, qu’on honore leur mémoire, au lieu de plonger dans la tristesse. Qu’on se rappelle leur héritage. Qu’on le transmette, à notre tour. Que la Savonnerie se transforme, qu’elle déménage à St-Raymond, cela permettra à J’habite chez mon chat de fleurir, et probablement à plein d'autres savonneries d’aller chercher d’autres clients et de se développer, à leur tour. C’est la vie qui circule. Qui est-on pour croire qu’on est absolument irremplaçable? On pouvait se laver avant la Savonnerie, et on pourra se laver après. Mais on s’est payé toute une belle ride.   

No3 L’égo entrepreneur  

On s’identifie davantage à ce que l’on fait plutôt qu’à qui on est. Peut-être parce que nous sommes des humains trop complexes, ou parce que c’est plus simple de se définir par notre activité. Notre carrière définit une grande partie de notre identité, qu’on soit entrepreneur ou non.  

Pour les entrepreneurs, les statistiques le démontrent: finalement, ce sont très peu qui réussissent à mener un projet dans le temps. Qu’on « réussisse » ou pas selon des critères variables et subjectifs, tous auront au moins le mérite d’avoir essayé. Avoir essayé de créer, de partir de rien, avoir pris le risque, avoir osé aller jusqu’au bout. Qu’en est-il lorsque le projet d’entreprise cesse, peu importe la manière? Pendant 18 ans, mon nom de famille, c’était le nom de mon entreprise. Les gens me reconnaissent sous « Marie-Eve de la Savonnerie des Diligences ». J’ai peur, c’est sûr. J’ai peur d’être oubliée ou d’être jugée. J’ai peur de ce que les gens vont penser de moi ou qu’ils soient fâchés. Qu’ils pensent que je leur ai volé une partie de leur identité, en décidant de vendre, plutôt que de fermer. Il y a un malaise collectif dans la perte identitaire. 

Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve une fois que j’aurai perdu mon nom de famille. Tu tentes d’être présent chaque instant, de goûter les espaces de splendeur et de misère et de déposer ça dans le tiroir de ta mémoire. C’est ce que je fais, en ce moment. Je prends soin de moi, de mes proches, de mes collègues et je reste présente, le plus possible.  

No4 Prendre le temps de dire aurevoir 

Trop d’entreprises meurent ou se transforment dans le plus grand silence et la plus grande solitude. Il y a d’autres manières de faire que de changer le code et mettre un avis sur une porte. Que la fin corresponde au reste de l’histoire, finalement.  

Dans cette transition qui peut paraître parfois longue, parfois courte, quelque peu inconfortable, on marche un chemin qu’on n’a jamais marché. Nos collègues se réfèrent des emplois, s’aident à faire leurs CV. On célèbre les demandes d’entrevues. On tente d’honorer chaque dernière parcelle de temps qu’on goûte ensemble : dernière journée, dernière batch de savon, dernière coupe, dernier colis. 

Je choisis de goûter la JOIE. La FÉLICITÉ. J’honore ce chemin et j’ai envie de partager ce leg de la Savonnerie. J’ai 18 ans d’accumulation d’objets à partager. J’aurais envie que vous puissiez avoir un brin de cette entreprise qui a transformé votre quotidien, vous aussi. Il y en a déjà tout plein au comptoir d’usine, des cadres, des affiches, des stickers. Dans les prochaines semaines, il y aura des objets à donner, à vendre. Restez à l’affût. 

Je veux aussi marquer le passage d’Eastman à St-Raymond. Je veux organiser une cérémonie. Ce sera au Théâtre de la Marjolaine, quelque part en juin. On pourra se réunir et se raconter nos souvenirs.  

Marie-Ève Lejour.

À la Savonnerie des Diligences, on fait les choses différemment depuis 18 ans. Et aussi, on fait du savon. Il en reste, d’ailleurs. C’est par ici : https://savonneriediligences.ca/collections/savons 

 

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