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CHRONIQUES DE PASSATION D’UNE PETITE ENTREPRISE, 2e partie

Si vous le permettez, je vous partage ici l’histoire du transfert de la Savonnerie dont la production sera bientôt assurée par l’équipe d’Anne Bastide de J’habite chez mon chat, à St-Raymond. 

Les Chroniques, 2e partie.

no 6 Vivre le deuil 

J’ai trouvé ça sur le web, les étapes du deuil sont : Déni, Colère, Marchandage, Dépression et Acceptation. 

Notre équipe se trouve entre la première et la quatrième étape. Je pense que depuis plusieurs semaines, on était carrément en déni, car même si on sait que ça s’en vient, nos opérations quotidiennes sont normales et le climat de travail est excellent. Parce que c’est la fin de notre production (il nous reste une grosse semaine bien pleine qui ressemble à Noël…!) et que les collègues sont encore nombreux. Les départs restent un peu théoriques. On se dit qu’on va se revoir. Notre collègue est peut-être juste en vacances, finalement. 

On n’a pas choisi le chemin le plus facile. On a choisi de marcher ensemble jusqu’à la fin, main dans la main. On vit tous notre deuil différemment, et on est tous à une étape différente. Moi qui devais réfléchir au futur de l’entreprise et qui ai pris les décisions structurantes, je me trouve davantage près des dernières étapes.  

C’est un défi de taille de rester dans le bon état d’esprit lorsqu’on traverse tous un deuil individuel, et qu’il s’ajoute à un deuil plus collectif. Tout ça s’ajoute à une logistique de fou pour tenter de faire au mieux la passation, de ne rien oublier.  

Normalement, quand on vit un deuil, on prend congé pour se reposer et prendre le temps de l’intégrer. Lorsqu’on vit un deuil au travail, c’est plus complexe. 

no 7 Rester présent 

Rester présent à ce qui est, c’est tout un défi lorsqu’on se sent dans une tempête. La tempête n’est pas dévastatrice, c’est juste un chaos, une désorganisation, un « hors du quotidien ».  

Pendant longtemps, j’avais toujours hâte à « plus tard ». J’avais de la difficulté à juste être ici, maintenant. J’avais hâte aux prochaines vacances, à la belle saison, au week-end. Et une fois rendu au week-end, j’avais hâte au suivant. J’avais de la difficulté à me déposer. Ma devise était « work hard, play hard ». Depuis que je suis mieux dans mon corps et dans ma tête, que je marche le matin, donc, que je prends un temps pour moi et pour adresser mes besoins avant ceux des autres, je n’ai plus hâte à rien. J’apprécie chaque journée, même les difficiles, car elles me font toutes grandir. 

Les prochaines semaines seront vraiment intenses à la Savonnerie. Il nous reste une semaine de production à Bolton presque surréaliste tellement elle est occupée. Je conduirai les dernières visites de l’usine à la relâche (inscrivez-vous et passons du temps ensemble : https://savonneriediligences.ca/collect.../visites-de-lusine) et nous ferons la route vers la dernière journée d’ouverture du comptoir d’usine, le 9 mars prochain. Je ne pourrais goûter tous ces moments si je n’arrivais pas à rester présente, ou si je me voyais déjà ailleurs. Je suis ici, maintenant, avec vous.  

no 8 Écrire une nouvelle histoire 

J’aimerais vous partager l’histoire des lettres qui se trouvaient sur notre bâtiment à Austin. J’adore leur forme et leur style. En fait, j’adore tout ce qu’Eric Chouteau de Studio Sans Cravate a créé toutes ses années, je pense que je suis sa plus grande fan. En enlevant les lettres qu’on avait collées sur le mur, quelques-unes se sont brisées. J’ai eu envie de voir quels nouveaux mots pouvaient émerger avec les lettres restantes…  

La vie, c’est un peu ça : faire du neuf avec tout le bagage qu’on accumule. On devient la somme de toutes les rencontres qu’on fait et qui nous transforment. Et parfois, en se dépouillant de ce qui est brisé, on peut inventer une nouvelle histoire. 

no 9 L'histoire du savon Lait au chocolat 

Faire le tri des objets de son entreprise, c’est aussi se remémorer une tonne de souvenirs. La semaine dernière, je suis tombée sur un lot d’étampes sur mesure, et j’ai été littéralement « foudroyée » lorsque je suis tombée sur l’étampe « Lait au chocolat ». C’était il y a dix ans, et ça a marqué l’histoire. Je vous la raconte. 

Un an après la séparation avec le père de mes enfants et le rachat de ses parts de la Savonnerie, j’étais dans le doute d’avoir pris la bonne décision. Dans le questionnement, une étape s’est révélée vraiment décisive : l’obtention d’un contrat vraiment important à l’époque, 7000 savons Lait au chocolat pour la Fédération des producteurs de lait du Québec, qui allait remettre ces précieux dans le cadre du Grand Défi Pierre Lavoie. À l’époque, on n'avait jamais eu de tel contrat.  

Lorsqu’une grande entreprise ou corporation donne un contrat à une petite entreprise, elle ne réalise pas toujours qu’elle change le cours de l’histoire. Ça a été le cas, pour nous, avec le savon Lait au chocolat. À partir de ce moment-là, on a eu confiance qu’on avait la capacité d’aller chercher d’autres beaux et gros contrats, et l’entreprise a connu une croissance fulgurante de 2014 à 2020, augmentant de 10x son chiffre d’affaires de 2013.  

Merci à tous les gens qui nous ont fait confiance toutes ces années, qui ont embarqué avec nous dans des projets fous!  

no 10 Pourquoi les PME meurent-elles? 

Il y a beaucoup de mouvements d’entreprises en ce moment, vous l’aurez remarqué. Mon cœur se serre chaque fois que je vois l’annonce d’une fermeture, d’une passation, d’une reprise. Je reconnais la difficulté du chemin derrière ces changements.  

Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là? 

Je ne suis pas économiste. Je peux me baser sur mes observations, mes conclusions, et les centaines, voire milliers d’échanges que j’ai eus avec des gens touchés par l’économie post-pandémie depuis trois ans. Car ça fait trois ans que le mouvement s’est initié. Ça fait trois ans que je l’ai remarqué. C’était en 2021. 

Flambée du prix de l’essence. Hausse des prix à la consommation. Hausse des taux d’intérêts pour tenter de freiner l’inflation. Pénurie de main d’œuvre qui a déserté les secteurs du commerce de détail et de la restauration, avec raison. Qui dit pénurie dit, on doit aussi augmenter les salaires pour tenter de rester attractifs et, surtout, permettre aux employés d’arriver financièrement avec toutes les hausses (!). Diminution de la perception de l’importance de l’environnement à cause de tous les compromis qu’on a dû faire en pandémie, à grands coups de masques et d’EPI (équipements de protection individuels) ET augmentation de l’insécurité générale, ce qui fait qu’on navigue dans le bas de la pyramide de Maslow, inquiets pour notre propre sécurité financière, remettant en question tous nos choix… Éclatement de tout ce qui était. Transformation grande vitesse. Changement des habitudes d’achat. 

Résultat : entre la hausse des prix des matières premières, la hausse des salaires et la diminution de fréquentation, les PME n’ont plus d’oxygène pour avancer. Elles tremblent de peur. Elles espèrent que ça va passer, que ça va revenir comme avant. Probablement que non, pas tout de suite.  

La Savonnerie était prête pour la croissance et a vécu une décroissance. On a travaillé super fort les dernières années pour, au final, perdre beaucoup d’argent. On a tous fait des compromis. Même les employés, en acceptant de rester. Ils ont été mis au chômage, puis rappelés. Ils ont accepté d’avoir peu ou pas d’augmentation de salaire, de « prendre une balle pour l’équipe », de faire leur part pour tenter que ça passe. La seule option de survie, pour la Savonnerie, c’est le miracle qui est arrivé. La transformation, encore une fois, pour réduire les infrastructures et les frais fixes, l’optimisation des méthodes de travail. Et c’est l’équipe d’Anne qui va s’en charger. Je n’avais pas le courage de déconstruire ce que j’avais passé 18 ans à bâtir, de vendre l’usine et de redéménager (encore!) la Savonnerie dans de plus petits locaux. Pourtant, c’est ce qui va assurer sa pérénité.  

On ne fera pas de vente de liquidation. Les produits doivent être vendus à leur juste prix, c’est ce qui va assurer qu’on puisse remplir toutes nos obligations. Nos stocks diminuent. N’attendez pas à la dernière minute pour acheter vos savons, il se peut que nous n’ayons plus « votre sorte ». 

Merci d’être avec nous depuis 18 ans. On reçoit beaucoup de messages d’amour. On vous aime aussi, tellement. La Savonnerie, c’est d’abord une histoire d’amour. Puis, de bulles.  

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